La sculpture sur charbon est une particularité du bassin minier de la province de Quang Ninh (Nord). Une poignée de femmes perpétuent ce métier, en dépit des bas revenus.
Au Vietnam, la sculpture sur charbon est propre à Quang Ninh. Elle est étroitement liée à la fondation de la région houillère, à la fin du XIXe siècle, sous la domination française. Cet art n’a probablement été, au départ, qu’un passe-temps pour quelques mineurs. Il est devenu un artisanat qui a connu son heure de gloire dans les années 1970. Les formes, buffles, lions, mais aussi quelques-unes plus sophistiquées comme des roses ou des couples, sont le fruit de l’imagination de l’artisan, ou des modèles déjà réalisés.
Dans la ville de Ha Long, une dizaine d’artisans dont la plupart sont des femmes perpétuent ce métier, malgré des revenus à peine suffisant pour vivre, la saleté et la poussière qui rongent les poumons.

Le métier fait peu d’émules et est principalement pratiqué par des femmes. Le choix du matériau et la technique (taille et polissage) s’enseignent par tradition entre « passionnées ». Il y a quelques années, les visiteurs internationaux à Quang Ninh appréciaient cette spécialité comme cadeau de souvenir. Aujourd’hui les sculpteurs ont de plus en plus de mal à vivre de leur métier. Le travail est précaire, les revenus sont faibles et les conditions de travail difficiles ne motivent plus les jeunes générations.
« La taille sur charbon me demande sans cesse de rudes coups de colliers. C’est pour moi un défi constant. Il m’est arrivé de pleurer en tournant et retournant un bloc de charbon, des heures et des heures, sans savoir ce qu’il faut faire. Je me suis dit : il faut commencer et recommencer, apprendre et apprendre tous les instants, je regarde mes mains parfois impuissantes » confie Nguyên Tâm Nhân, sculpteur du charbon minéral (la houille) et qui a suivi les cours de l’École secondaire des beaux-arts et de l’École supérieure des beaux-arts industriels de Hanoi. « Depuis une dizaine d’années, je travaille sur Picasso. J’en ai fait plus de soixante bustes. Je continue toujours. »
Ce savoir-faire local a une grande valeur culturelle et qui est lié à l’histoire des mines et de la vie des mineurs de Quang Ninh. La baie de Ha Long, destination touristique incontournable, est un patrimoine naturel reconnu en 1994 par l’UNESCO. Dans ses efforts de diversification des produits touristiques, Quang Ninh devrait aussi penser à revaloriser la sculpture sur charbon.

Source : Les sculpteuses de charbon de Ha Long ; Du charbon brut métamorphosé en sculptures ; Entretien avec l’artiste de charbon