Le roman policier français : illustration et stratégie commerciale.
Illustration et roman policier, illustration et affiche pour le 7ème Art… sont intimement liés : la créativité des dessinateurs au service de l’attractivité, de l’émoi, du suggestif, de l’expressif, du symbolique, de l’éloquent, du provocant… De grands artistes se sont adonnés à cet art, tout comme photographes, peintres, sérigraphistes ! D’ailleurs, le roman « classique » et la « littérature de masse » ont très vite laissé quelques pages aux illustrateurs : la Bible de Gutenberg, Les Mystères de Paris d’Eugène Sue, les romans de Jules Verne, Sherlock Holmes avec Conan Doyle, Rouletabille de Gaston Leroux…
Le début du XXe siècle est favorable à l’éclosion du roman policier français. Alors que des craintes anciennes développées dans la dernière moitié du siècle précédent s’atténuent, un regain d’insécurité renaît ; la peur s’empare de la France, peur que la presse s’empresse de dramatiser au profit d’une stratégie commerciale lucrative. Les faits divers sont monnaie courante et quotidienne, crimes, cambriolages, meurtres en série, alimentent l’angoisse collective. Dans le même temps, un engouement pour les récits de crimes se développe, selon les attentes d’un lectorat qui appartiendra bientôt à toutes les couches sociales. Dans ce contexte, le roman policier, fait son apparition, dans le sillage des journaux qui se sont spécialisés dans le crime. L’illustration est un élément essentiel d’une stratégie éditoriale encore balbutiante mais qui a tôt fait de s’adapter au contexte.
Memoire Online présente un article intéressant sur l’émergence de cet art pour le roman policier adossé au travail conjoint de l’auteur et de l’éditeur. Les lecteurs doivent s’imprégner de l’ambiance !
Comme souvent, un succès est la conjonction de plusieurs facteurs. L’illustrateur de San Antonio participe à l’engouement pour les aventures de la série. Michel Gourdon est ainsi inséparable des aventures du commissaire. Choisi dès le début pour illustrer les couvertures, il sera l’illustrateur attitré de l’oeuvre, jusqu’au début des années soixante dix, date à laquelle les choix seront radicalement différents.
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