Alors que s’ouvre à la Fondation Cartier la rétrospective de la photographe Claudia Andujar, qui a consacré son œuvre à la défense du peuple Yanomami, au Brésil, le leader indigène alerte sur les nouvelles menaces.
Entretien. Il a l’autorité naturelle d’un pape ou d’un prince, en beaucoup plus simple. A 54 ans, silhouette bonhomme, mains costaudes, Davi Kopenawa, chaman et leader du peuple indigène yanomami du Brésil, est un homme en colère. Face à la destruction de la forêt et à l’avancée meurtrière sur ses terres des trafiquants de bois et autres « garimpeiros », les orpailleurs clandestins, il sonne l’alarme aux quatre coins du monde.
Quel crève-cœur! La forêt amazonienne part en fumée, sous les yeux du monde entier impuissant, pointant l’urgence à sauver notre patrimoine vert. L’art, souvent précurseur, anticipe l’actualité. Comme un acte prémonitoire, la Fondation Cartier, architecture de verre posée dans un jardin de verdure depuis vingt-cinq ans, célèbre les arbres dans une exposition flamboyante. Nous les arbres est une ode à la fois esthétique, symbolique et engagée, au roi de la forêt. Un enchantement végétal en même temps qu’une cruelle prise de conscience.
Depuis ses débuts, la Fondation s’enquiert des questions majeures d’actualité à travers des expositions comme Terre natale, Ailleurs commence ici (2008) ou Le Grand Orchestre des animaux (2016), installation immersive et hautement poétique de Bernie Krause. Dans sa quête à refléter l’état du monde, l’institution dirigée par Hervé Chandès s’intéresse à la nature, l’environnement, le dérèglement climatique et ses répercussions sur les migrations, la déforestation et la disparition des cultures autochtones. Autant de thèmes populaires, traités à travers le regard croisé d’artistes et de scientifiques.
Nous les arbres,à la Fondation Cartier, 261, bd Raspail (XIVe). Tél.: 01 42 18 56 57. Horaires:tlj sf lun. de 11h à 20h, mar. jusqu’à 22h. Jusqu’au10 nov.
Dans sa nouvelle exposition, la Fondation Cartier rend hommage à la beauté des arbres et invite surtout à mieux les considérer. Une bouffée d’oxygène.
Le chêne de Venon (Isère), photographie prise par Raymond Depardon lors du tournagedu film « Mon Arbre ». Raymond Depardon Par Christophe Levent
Guide « Nous les arbres » – Fondation Cartier
« Nous les arbres », Fondation Cartier pour l’art contemporain (Paris, 14e), de 11 heures à 20 heures, jusqu’au 10 novembre. Tarifs : 10,50 euros et 7 euros (tarif réduit). Gratuit pour les moins de 13 ans. Fermé le lundi.
Conjuguer les vocalisations animales avec des créations contemporaines : tel est le but de la Fondation Cartier, qui consacre une exposition aux travaux de Bernie Krause. La beauté et la complexité des bandes-son, enregistrées du Brésil au Zimbabwe, sont ainsi associées au dessin géant du Chinois Cai Guo-Qiang, [wikipédia] aux étranges photographies du Japonais Manabu Miyazaki ou encore aux tableaux naïfs du Béninois Cyprien Tokoudagba…
Le Grand orchestre des animaux, du 2 juillet 2016 au 8 janvier 2017, à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261 bd Raspail, 75014 Paris
Selon Agence France Presse, AFP, « Des expositions à succès comme « Beauté Congo » à la Fondation Cartier, des noms connus tel Chéri Samba: les artistes africains contemporains ont le vent en poupe et devraient vite côtoyer les meilleurs créateurs occidentaux dans les grandes galeries et lors d’événements internationaux« ;
« Dans 2-3 ans, il ne sera plus nécessaire de faire des expositions d’art africain, les meilleurs seront dans toutes les grandes foires et autres biennales, ça va aller très vite », prédit André Magnin, commissaire de « Beauté Congo » et l’un des premiers à avoir pris en considération les artistes africains du XXe siècle.
Pour l’heure, nuance l’expert, « le marché est balbutiant, il y a une quinzaine de galeries spécialisées sérieuses dans le monde, on est à des années lumière d’un phénomène de mode ».
C’est au palais de Chaillot, alors siège des Nations unies, que fut signée en 1948 la Déclaration universelle des droits de l’homme. En 2015, ce sont 54 artistes africains qui vont raviver la flamme de ce texte en signant cette illumination artistique d’un droit légitime et fondamental pour le développement de toutes les sociétés humaines modernes : le droit d’accès à l’énergie. Les œuvres de ces 54 artistes africains contemporains nous proposent, au fond, une vision intense et incandescente d’une Afrique des Lumières.