Historiques, fantastiques, biographiques ou poétiques, la revue Connaissance des Arts a sélectionné neuf ouvrages qui raviront les amateurs de fictions en quête d’émotions ou les avides d’histoires vraies sur le parcours de divers artistes. Découvrez la sélection de romans à dévorer cet été.
« Au commencement, il y avait… », « et si… », le fictionnel rejoint souvent la science-fiction ou la dystopie, soit un futur imaginaire plutôt qu’un présent alternatif. L’art sert de représentation au récit, il aide à sa figuration, il concoure à imager, à symboliser la narration. Comment dépeindre une société imaginaire, comment figurer l’univers fantastique, fantasmagorique ? Tout en laissant l’esprit du peintre ou de l’illustrateur vagabonder à « représenter » la vision de l’auteur.
En soi, un exercice difficile, périlleux, audacieux… De nombreux artistes contemporains traduisent une inquiétude face aux avancées d’une science et de la technologie et leur imaginaire de toute-puissance, entre fiction et monde meilleur…
Beaucoup d’artistes, sans doute, ont résisté aux modes, s’opiniâtrant à figurer – et beaucoup restent sans doute à (re)découvrir. Parmi ceux qui ont imaginé un autre cours de l’histoire, il y eut Roland Cat (1943-2016), peintre de métropoles noyées sous les eaux, parcourues de dauphins, baleines ou tortues placides. Atmosphère de grand silence mystérieux, nature sauvage reconquérant un monde où de l’humanité ne restent que les traces de sa démesure technicienne et urbanistique : ses œuvres fixent un imaginaire, que le début de XXIe siècle a davantage exploré. Sans aller jusqu’à l’ensevelissement, un Claude Lazar ou un Christian Kervoalen composent des visions d’un monde où l’homme aurait soudain disparu – un monde absurde alors, de rues sans vie ni mouvement – qui, à la lumière du confinement de printemps, avaient quelque chose de visionnaire –, de maisons, salles de spectacle, gymnases, dortoirs vacants.
Certains artistes – les plus « uchronistes » peut-être – ont inventé des archéologies imaginaires. On citera : Anne et Patrick Poirier, José Luis Borges, Damien Hirst, Gabriel Grün, Alex Gross ou Laurie Lipton, Henri Darger, Achilles G. Rizzoli…
J’y ajouterai le dessinateur autodidacte Marcel Storr « un artiste hors cadre, hors temps, hors norme » [1], que ma famille a connu.
« Le nez de Cléopâtre : s’il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé » (Blaise Pascal, Pensées, édition Brunschvicg, fragment 162).