LÉONARD DE VINCI, le peintre de la Renaissance

L’homme des cavernes nous a donné une très belle leçon de technique. Il nous donne aussi une très belle leçon d’humilité.

L’homme du moyen-âge vit dans une période de guerre et de conflits où l’art de s’exprimer a changé.  L’art devient anecdotique, méticuleux, c’est du travail bien fait, artisanal.  Le  » geste  » n’est plus dans la spontanéité, il se fige. On tombe dans le narratif, l’illustratif,    le geste se codifie.

En ce début de la Renaissance, LÉONARD DE VINCI annoncera un changement.

Travailleur infatigable, dessinateur, peintre, sculpteur, ingénieur, organisateur de fêtes à l’imagination débordante LÉONARD DE VINCI va marquer les esprits.

Léonard a 10 ans (voir son parcours de vie en dernière page), il rentre grâce à son père, un notable, dans l’atelier du Maitre VERROCHIO.

A cette époque l’atelier est très bien organisé. Il ressemble à une petite PME où toutes les disciplines concernant l’art contribuent à la fabrication de l’œuvre. Tous les corps de métiers se côtoient sous le contrôle du Maître, celui qui possède la science. C’est dans cette ambiance bon enfant que LÉONARD va pouvoir s’émanciper lui « le fils bâtard ». Par son intelligence hors du commun il va gravir les étapes pour devenir lui aussi « le Maitre. Il va utiliser le « glacis » et le fondre au geste. LÉONARD en fera son cheval de bataille, sa marque de fabrique.

LÉONARD a compris comment utiliser cette huile cuite dans le mélange avec le pigment.

Léonard a l’esprit scientifique avant d’être peintre. Il va mettre en œuvre une méthode de travail ou les doigts de la main participeront à la « magie » du geste comme le chirurgien avec son scalpel ou le musicien avec son archet. (Léonard est aussi musicien)

Son invention c’est ce fameux « sfumato «, cette manière avec le geste d’utiliser cette huile cuite pour créer ce flou comme disent les italiens … LÉONARD sait bien que c’est l’œil qui voit et le cerveau qui interprète et décide. Il le sait pour l’avoir pratiqué et expérimenté « j’ai trouvé une nouvelle manière de faire » nous fait-il comprendre, ceci grâce à ce fameux nouveau moyen technique. Léonard nous met devant le fait accompli : son secret. LÉONARD DE VINCI impose sa marque de fabrique, Léonard lui qui connait parfaitement la « cuisine du peintre » est au rendez-vous de l’histoire. Léonard  a compris qu’il faut façonner la matière comme le maçon avec le ciment.

Lui « le bâtard », l’illettré va montrer à ses concurrents que l’homme dans son être le plus profond est capable d’innover. Il nous le fait comprendre : pour lui, sans difficulté… l’artiste ne peut progresser, sans technique… l’artiste ne peut progresser. Sans tourner le dos à ce qui précède et une fois l’apprentissage compris et acquis, l’artiste ne peut inventer, rénover, imposer son style…

Ce fameux coup de pinceau, cette fameuse « touche du peintre », il connait. Il sait que Le métier s’apprend, se communique, mais la façon de peindre ne peut-être que personnelle et unique.

Le « sfumato »

Essayons de comprendre : Le « sfumato » de Léonard est simplement une succession de plusieurs glacis, mélange d’une huile préalablement cuite. Il utilise pour cela dans la cuisson des graines de moutarde donnant comme résultat final une huile souple, légère et transparente qui mélangée aux pigments va créer une matière malléable et translucide. Il opte pour des couches successives afin d’obtenir des couleurs qu’il ne trouve pas dans les pigments et de se rapprocher ainsi le plus près de la couleur observée à l’œil nu, d’où le teint de sa chair (exemple du visage de la Joconde).

Ce glacis, ce « sfumato »  va permettre à Léonard de « modeler »  avec infiniment de douceur et au plus près de la réalité.

Ce « sfumato », cette façon de procéder qui lui est « propre » est pour Léonard un véritable acte d’amour que seuls ses doigts, sa main, peuvent exécuter. Léonard en est totalement conscient.

Léonard sait que ce sont les poils du pinceau qu’il faudra dompter en connexion avec le cerveau.

Léonard sait que ce sont les vibrations du pinceau qui décideront et donneront « la matière à peindre ». LÉONARD en connait le secret, mais il sait aussi que la transmission est possible à la seule condition, un apprentissage long et parfois douloureux car ce n’est pas chose facile d’exécuter ce « glacis », il faut l’avoir fait des centaines de fois pour le maîtriser. La recette en elle-même ne suffit pas. Il faut comme on dit « du doigté « Léonard sait que « l’effet glacis » est une technique astucieuse lui permettant par des couches très fines d’obtenir son fameux sfumato. Léonard travaille avec le même état d’esprit que l’aquarelle (très peu de matière)

autoportrait de Léonard de Vinci à la sanguine
  • Dans cet autoportrait à la sanguine, (illustr 1) Léonard s’exprime avec grande délicatesse utilisant pour cela un trait alerte et bien précis et des « frottis » qui sont là pour donner une « ambiance sfumato » caractéristique de Léonard qui veut avant tout chercher un réalisme proche de la vie.
  • Léonard aimait beaucoup dessiner et faire des croquis d’après nature, cela lui permettait de capter la vie et de la retransmettre.
Paysage toscan à l’encre sépia (marron)
traité à la plume.
1er dessin galerie des Offices –
Florence (Italie)
  • Lui qui connait parfaitement la campagne (illustr 2) va chercher à la comprendre en dessinant la nature.
  • Il cherchera à traduire cette nature en la dessinant, en essayant par une impression d’ensemble de traduire son atmosphère qu’il connait si bien, d’où ses nombreuses études.
  • Nous pouvons dans ce paysage qui est son premier paysage (il est jeune) et qui est fait avec une encre couleur sépia observer et remarquer la capacité de Léonard à comprendre la manière de traiter la perspective : avec ces coups de hachures rapides il donne à ce dessin un côté aérien presque abstrait. Regardez ces personnages microscopiques que l’on voit vers le fond du paysage. Ce paysage nous fait penser à ses paysages futurs peints avec cette fameuse huile cuite et que l’on retrouve dans ses toiles les plus célèbres comme la « Joconde».
  • Cette fascination de Léonard pour ce genre de paysage s’explique. Léonard a vécu son enfance à la campagne, dans une Toscane aux paysages pris dans une brume matinale à l’aspect brumeux, cotonneux, flou. Il est possible que ce soit cela qui ait conduit Léonard à traduire son émotion en utilisant son fameux « sfumato». On retrouve sa fameuse touche d’un ton gris très légèrement coloré représentant des monts comme ces paysages peints plus tard en particulier avec la « Joconde » (voir illustr 6).

De l’Art et la Manière de peindre…

De mon point de vue, essayons d’analyser la manière de peindre de Léonard de Vinci. Dans ce  portrait peint (illustr 3) qui est parait-il son premier (ici la tête de l’ange se trouve à gauche), Léonard est déjà en possession d’un savoir technique digne d’un surdoué.

1ere exécution (atelier de Verrocchio)
Huile / l’ange de Leonard dans le tableau de Verrochio: le baptême de Jesus
Galerie des Offices
Florence (Italie)

C’est pour lui la première exécution et elle a son importance.

Il peint sur une toile préparée par son Maitre Verrocchio, c’est pour Léonard un honneur et une manière de pouvoir rivaliser avec son Maitre. Il y réussit parfaitement et il le montre.

Sa touche est devenue personnelle, c’est qu’il en est bien décidé. Sa touche est devenue sereine comme le voudrait son Maitre. Léonard  sait à présent où il va. Il traite ce visage avec ce seul souci, d’être vrai et en communion avec le personnage qu’il peint.

Il va lui donner une personnalité, il dépasse ainsi son Maitre VERROCHIO.

On sent dans sa façon de peindre cette attention particulière qui lui est propre.

Léonard veut « exprimer la vie et ne veut pas être «  illustratif » comme c’était le cas avant. C’est déjà du Léonard de Vinci. Sa touche devient souple, délicate, et les passages de son coup de pinceau sont tout à fait en communion avec ce qu’il ressent.

Léonard montre bien qu’il dépasse la technique, c’est déjà un grand Maitre et ce n’est plus l’élève.

Il vient de comprendre parfaitement comment utiliser « sa découverte »,  comment se servir du nouveau procédé, ne pas rester dans une touche « morte » sans vie, même si le résultat est parfait,  Léonard tourne le dos au passé.

Je veux de la vie, je veux être au plus près de la vérité et seule la lumière et l’analyse que j’en ferais me le permettra. Il va jouer pour cela avec des tons gris colorés, avec ces tons subtils qui constituent la presque totalité des tons qui nous entourent. Il va faire jouer les complémentaires, avec ce jeu des combinaisons créé par la lumière (comme ces nuances de tons clairs et foncés dans un négatif noir et blanc).

 

Dans ce dessin Léonard va utiliser toute son énergie. On voit qu’il est très à l’aise. Il perçoit cette perspective presque en 3D (le château de gauche)

Léonard travaille avec très peu de traits, il sait où il va. Il traduit cette vie bouillonnante (sur le cours d’eau du fond) simplement avec 3 ou 4 traits afin de pouvoir exprimer le mouvement, c’est ce qui est vraiment prodigieux.

On devine l’observateur, l’ingénieur futur, Léonard au travail. Il a compris cette manière et la façon de donner cette impression de relief. Chaque trait est différent suivant son orientation, Il exprime un plan ou une élévation ou un mouvement absolument comme il veut. Il en est le maitre.

Léonard reste dans la tradition du premier homme des cavernes. Il ne s’en éloigne pas.

Léonard de Vinci – « L’adoration des mages » – Musée des Offices – Florence (Italie)

Il n’est pas « robot », machine à répétition, il sait s’adapter et rénover tout en gardant cette gestuelle si importante pour la création. Cela se confirme dans l’adoration des mages (« L’adoration des mages » – illustr 2b)

 

Et le visionnaire dans tout cela ?

« l’Annonciation » – 1473-75
Détrempe (à l’oeuf) sur bois
Coll.musée des Offices – Florence (Italie)

Regardons cette œuvre peinte sur bois (« l’Annonciation » – illustr 4), une de ses premières commandes.

Ici, Léonard est déjà soucieux de ne plus faire comme avant. Il semble pourtant un peu hésitant mais c’est plus fort que lui, il va nous montrer « discrètement » sa façon de manipuler le pinceau. Sur le premier plan, sa touche est, sûre, franche même, c’est celle d’un élève accompli qui sait parfaitement répéter. Mais Léonard va se libérer (regardez le fond du tableau). Vers le fond de l’œuvre on peut observer l’endroit où sa touche est libérée, c’est une touche libre et bien pensée, bien adaptée à cette utilisation de l’huile cuite (normal pour un esprit scientifique comme le sien). La touche de Léonard est nerveuse, libérée (ici pigments mélangés à de l’huile de noix qui a le pouvoir de sécher lentement). Quel contraste entre la touche si précise du parterre de fleurs et la touche dans le fond côté point de fuite (on aperçoit deux monts dans les tons gris…)

Ce qui est intéressant c’est l’utilisation par Léonard de la gestuelle. On voit ces mains très bien dessinées dont le prolongement des deux côtés annonce la perspective (le mot « perspective » pouvant être pris dans le sens de futur).

Léonard veut vraiment nous parler avec ce geste symbolique des mains : regardons  ce morceau de peinture, vous verrez plus tard ce dont je suis capable, pense-t-il. Il ne faut pas oublier cette gestuelle du moyen-âge. Ici Léonard ose dire : « vous verrez ma façon de travailler va changer. (Dans ma façon de traiter le geste, je veux y mettre nous semble-t-il nous dire plus de vie.)

Léonard de Vinci « La vierge, l’enfant Jésus et st Anne » –
Musée du Louvre

Dans la vierge (illustration 5) l’enfant Jésus et St Anne, Léonard est enfin en possession d’une avancée technique incontournable. Il exécute parfaitement son « glacis » et ses touches sont à l’écoute de sa vie intérieure. Il organise son travail en créant une composition qui puisse mettre en valeur sa maitrise et sa manière de « penser glacis « . Léonard a beaucoup observé, analysé, réfléchi, il sait et veut faire passer tout cela car il en a les moyens.

Léonard de Vinci « La vierge, l’enfant Jésus et st Anne » –
Musée du Louvre (détail)
  • Léonard est un « bâtard « né à la campagne, il a un instinct et une intelligence hors norme, il sait qu’il doit convaincre, bousculer alors comment faire, en devenant magicien ?
  • Il sait parfaitement être au-dessus de la mêlée, il en connait les ficelles, il est intelligent et c’est un maître, un grand maître, un grand esprit dont François 1er Roi de France saura très bien le percevoir et le comprendre.
  • Dans ce chef d’œuvre Léonard surpasse tout. Il dialogue avec la lumière, cette lumière qui éclaire son esprit. Il la connait cette lumière, il l’a tellement recherchée, dessinée et déjà peinte.
  • Léonard est en avance sur son temps. Il connait parfaitement ce phénomène de la lumière. Il l’a tellement analysée, décortiquée, les gris il connait, il sait très bien que dans le lointain les couleurs perdent de leurs couleurs. A l’aube « tous les chats sont gris» il le sait, il sait aussi qu’en superposant les glacis on obtiendra des teintes que l’on ne peut pas retrouver avec les pigments naturels. Une fois qu’il a la composition dans sa tête, il dessine en sachant où mettre les ombres et la lumière (il en a fait des expériences avec cette terre d’ombre, ce pigment si agréable à l’œil). Il va s’aventurer en effaçant parfois, en recommençant parfois, en superposant même les traits laissés à l’abandon, Léonard va jouer de son pouvoir, Léonard est libre. Comme Rembrandt, il saura nous « bluffer » avec son clair-obscur. Mais Léonard sait très bien que les gris sont peu colorés puisque c’est de la couleur dans l’ombre. Faites-en l’expérience vous-même (mettez un beau rouge vif dans l’ombre vous verrez). La chair de ses visages est d’un rose proche de la réalité, il sait la faire vibrer en jouant avec les complémentaires (comme dans les zones grises du fond de ses paysages, LÉONARD excelle comme un sorcier, c’est un véritable magicien).
  • Sa légende n’est plus à faire, il en impose.

Ce bon vivant, cet homme de la campagne, cet illettré a très bien compris et assimilé les leçons de la nature.

Le regard de Mona Lisa

Léonard de Vinci sait nous parler de l’essentiel, de ce qu’il y a de plus profond au fond de nous. Il nous interroge et interroge cette lumière qui vient d’en haut.

Étant plus artiste que commerçant il quittera l’Italie pour accepter l’offre que lui a fait le roi de France, François 1e. Il a raison, les querelles de « ces grands » ne l’intéressent pas.

Le roi l’installe au bord de la Loire, au manoir du Clos Lucé et là il poursuivra sa recherche du beau.

C’est en France dans ce pays d’adoption qu’il va mourir et nous laisser une œuvre qui restera énigmatique la « Joconde ». Avec La Joconde (illustration 6) pourquoi Léonard n’a-t-l pas voulu nous transmettre son ADN ?

Est-ce si important ? Mona Lisa surprend certes, elle semble sortir d’un vieil album de famille avec cette particularité d’attirer le regard.

LdV « La Joconde » (détail) – Musée du louvre

Ce qui peut nous surprendre c’est son attitude, elle semble vouloir nous observer l’air de rien ! Elle semble vouloir nous dire quelque chose d’important : cette lumière blafarde venue on ne sait d’où comme à l’aube de l’humanité, pourquoi vient-elle nous interroger ?

C’est cette lumière « intérieure » venant éclairer le visage de Mona Lisa qui attire le regard.  C’est aussi cette lumière du paysage du fond si diffuse qui laisse le spectateur interrogatif   laissant ainsi le visage de Mona Lisa comme «  hautaine »  mais n’est-elle pas une noble ?

Comme la Vénus des temps antiques, elle est là ici présente qui vous invite avec ce paysage du fond de la toile pour aller à la rencontre de cette clarté diffuse.

Mona Lisa est pour Léonard devenue cette déesse des temps anciens.  Elle est là et nous regarde imperturbable avec son double regard.

La Joconde
Musée du Louvre

Le « sfumato « de Léonard traité sous forme d’un glacis fait de couches légères superposées à peine teintées se rapprochant de la couleur chair va pouvoir accentuer la résonance, l’effet de surprise cher à Léonard.

Léonard n’oublions pas est un sorcier, Léonard s’est donné du temps pour cela, tout le monde le sait, le temps ne presse pas pour lui, va-t-il jusqu’à vouloir nous dire que Mona Lisa serait cette Astarté, déesse de l’ombre. Il n’y a qu’un pas à faire en empruntant ce chemin en forme de S à gauche du portrait.

Mais ne nous aventurons pas trop dans les dédales d’un labyrinthe dont nous ne connaissons que peu de choses. Seul Léonard en connait le secret et tant mieux.

Gardons de la lumière sortie de ses œuvres une leçon et retenons qu’il n’y a qu’une vérité, le mystère est dans la lumière et celle-ci n’existe que dans l’observation.

Voilà le véritable secret. Il suffit de savoir observer et regarder, cela s’apprend.

Mais comme tout est recommencement …

Espérons toujours.

 


Parcours de vie de Léonard de Vinci 

1452 : naissance en Toscane à Vinci

1464-1482 : période florentine, rentre dans l’atelier d’Andrea Del Verrocchio

1482-1499 : période milanaise

1500-1506 : période florentine

1506-1513 : période milanaise

1513-1516 : séjour à Rome

1516-1519 : séjour en France au manoir du Clos (dénommé le château du Clos-Lucé) invité par le roi de France François 1er.

2 mai 1519 : Mort de Léonard de Vinci à Amboise en Touraine à 67 ans.

 

 


Sources documentaires

1/ ÉTUDES D’ART  Numéros 8, 9, 10

L’art et la pensée de Léonard de Vinci – Communications du Congrès International du Val de Loire ( 7-12 Juillet 1952)

Paris-Alger 1953-1954

 

2/ Beaux Arts-hors série

L’exposition événement du Louvre

Cahier exceptionnel – (Les plus beaux dessins du maitre)

 

3/ LEONARD DE VINCI

Tome Premier – CERCLE DU BIBLIOPHILE – Novara (Italie) 1958


Auteur

Edité en déc. 2019 – Publié le 23/01/2020

Bernard JOHNER
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