Algorithmes, capteurs, réalité virtuelle… Depuis plus de quarante ans, des artistes explorent le potentiel de création des outils numériques. Longtemps en marge du sérail de l’art contemporain, ils sont aujourd’hui rejoints par la nouvelle génération « digital native » de créateurs.

Des créateurs atypiques
L’évolution et la démocratisation de l’informatique vont favoriser l’éclosion du mouvement. Mais la deuxième génération de créateurs digitaux affiche un profil atypique. Tous ne viennent pas du monde des Beaux-Arts. Loin de là !
« Le code c’est du texte, donc une sorte de matériau sur lequel on intervient, explique Antoine Schmitt, qui travaille depuis chez lui avec pour tout atelier… son ordinateur. En programmant, j’écris une action qui va se produire et dont je visualise en partie les contours. »
Génératif, interactif, immersif
Historiquement, l’art numérique renvoie donc d’abord aux oeuvres dites « génératives ». Autrement dit, qui se déploient sur un écran, de manière aléatoire selon le bon vouloir d’un logiciel. Un processus qui offre un champ infini d’expérimentations esthétiques.
Mais les créateurs numériques ne s’en tiennent pas là. Ils creusent également le potentiel « interactif » et « immersif » du numérique, cherchant à proposer une autre forme d’expérience au public (réalité virtuelle, fractal… lire notre article)

Net Art et post-Internet
Déjà très disparate, l’art numérique s’est encore un peu plus diversifié avec l’arrivée, à partir des années 90-2000, d’une troisième génération d’artistes tournés vers Internet. Dans un premier temps, ils ont commencé par utiliser le Web comme support de l’oeuvre. Baptisé Net Art, ce courant donne naissance à un nouveau type de créations dites « d’URL », visibles par qui veut à une adresse donnée.
Mais, à l’inverse de leurs aînés, beaucoup de ces artistes ne se revendiquent plus nécessairement de l’art numérique.
Matérialiser les oeuvres
Cette nouvelle génération de créateurs coïncide avec une timide ouverture du marché. À Paris la galerie Charlot promeut depuis sept ans une quinzaine d’artistes numériques. « Peu habitués à vendre à des particuliers, ils ont dû faire un effort pour matérialiser leurs oeuvres », précise sa fondatrice Valérie Hasson-Benillouche. Une pièce « générative » se présente désormais souvent comme un écran plasma logé dans un tableau que l’on a juste à brancher : l’ordinateur et le logiciel sont cachés dans l’épaisseur du cadre.
Les artistes ont aussi été priés de fournir une documentation technique précise qui permette, le cas échéant, la mise à jour du logiciel ou du système d’exploitation. Car, longtemps, les acheteurs ont considéré la pérennité de l’oeuvre comme un frein.
Une cote bien réelle
Même s’ils ne rivalisent pas avec les stars de l’art contemporain, les artistes, dits numériques, commencent à afficher des cotes respectables. Les oeuvres du pionnier Manfred Mohr peuvent atteindre les 100 000 euros, comme celles de Rafael Lozano-Hemmer ou de Charles Sandison. Ce dernier a d’ailleurs été exposé dès 2006 à la galerie Lambert. Très en vogue, les pièces de Davide Quayola avoisinent les 50 000 euros. Tandis qu’un tableau « génératif » grand format de Miguel Chevalier s’acquiert pour 30 000 euros. D’Antoine Schmitt à Alain Vernhes, la plupart des oeuvres présentées à la galerie Charlot spécialisée dans ce type de créations s’échelonnent de 15 000 à 24 000 euros.
Source : lesechos.fr